En finir avec les déserts médicaux : une priorité dans le nord de la Dordogne. Retour sur le café des possibles du 25 mars 2022 à Thiviers.
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La Dordogne, comme de plus en plus de territoires, est touchée par le manque de médecins, par la disparition progressive et quasiment programmée des personnels de santé, toujours en sous-effectif et le plus souvent débordés de travail. Du fait même de l’évolution de la pyramide des âges, des politiques de maintien à domicile, mais aussi du renouveau des habitants et de leur situation sociale nous avons besoin de développer, au plus vite, une solide structuration des services de santé dans tous les territoires.

Aujourd’hui en France, une commune sur trois se situe dans un désert médical. Cela signifie faire des dizaines de kilomètres pour voir un médecin, attendre des mois avant d’obtenir un rendez-vous. Les retards de soins, les renoncements à se soigner sont une réalité inacceptable et pourtant, ils sont le quotidien pour qui vit dans un désert médical. Les plus jeunes et les plus précaires sont le plus durement touchés. La mauvaise allocation des soins sur le territoire national se traduit en renoncement aux soins, délais de prise en charge et engorgement des services d’urgence hospitaliers et elle engendre un surcoût de 1 à 5 Mrds pour le système de santé. Le numérus clausus en hausse n’y remédiera pas s’il n’y a pas de mesures pour rééquilibrer l’offre de soin territorialement.

L’inéquitable répartition des services de santé sur le territoire français est une injustice sociale et un obstacle majeur à l’atteinte de la pleine santé pour toutes et tous. C’est aussi une violation de l’un de nos droits les plus fondamentaux. Comment en sommes-nous arrivés là et, surtout, comment y remédier ? Nous en avons parlé le 25 mars 2022 à Thiviers avec Charlotte Soulary, directrice du programme présidentiel Jadot 2022 et spécialiste des politiques de santé ; Evelyne Dromer, médecin hospitalière au Centre Hospitalier de Périgueux, soignante engagée depuis longtemps pour la Santé publique ; Marilyne Forgeneuf, conseillère régionale de Dordogne et maire-adjointe de Saint Estèphe ; et Alain Massy, adjoint au maire de Saint Jory de Chalais, réfèrent local du comité de campagne Jadot 2022 Périgueux Nord Dordogne.

L’inéquitable répartition des soins sur le territoire est une injustice sociale et un obstacle aux ambitions de pleine santé pour tou-te-s que nous portons au travers du projet écologiste avec Yannick Jadot.

Nous proposons le conventionnement sélectif pour limiter les nouvelles installations dans les zones déjà bien pourvues en médecins : un médecin ne pourra s’y installer en étant conventionné que lorsqu’un médecin libéral du territoire cessera son activité. En complément, nous mettrons en place une obligation d’effectuer la dernière année d’internat et les deux premières années d’exercice dans les territoires sous-denses. Cette mesure est temporaire, puisqu’en supprimant réellement le numérus clausus et en doublant les capacités d’accueil des universités de médecine sur le quinquennat, nous revitaliserons le vivier de médecins dont la France a besoin. C’est aussi une mesure que nous accompagnerons : beaucoup de jeunes médecins aspirent à un rythme qui leur permette de concilier exercice du métier et vie privée.

En renforçant les systèmes de vacation, nous garantirons l’accès à des congés et, comme sur tous les territoires, à des services publics – écoles, crèches, sport et culture.

Ces mesures vont de pair avec une nouvelle articulation du rôle du médecin avec les autres acteurs de santé, pour une meilleure coordination de parcours de soin, sans rupture et sans doublon : en permettant aux médecins déjà installés de consacrer plus de temps au soin et à la clinique, en nous appuyant sur les compétences des infirmiers/ères, en facilitant le renouvellement d’ordonnances pour certaines catégories de pathologies, en améliorant la coordination des parcours de soin entre tous les acteurs de santé pour que le médecin ne soit pas une “tour de contrôle” qui nuit à la fluidité des parcours.

Nous proposons dans cette perspective une nouvelle gouvernance territoriale associant les régions, les ARS (dont nous modifions les missions pour les recentrer sur le contrôle et l’évaluation, la déclinaison d’initiatives nationales et la coordination de réponses à des urgences sanitaires) et une nouvelle collectivité de santé à l’échelle d’un territoire de 50 000 à 150 000 personnes.

Nous investirons en outre dans l’installation de maisons de santé pluri professionnelles dans tous les lieux déficitaires en médecins et professionnels de santé. Enfin, nous renforcerons la dimension de démocratie sanitaire dans tout le système de soins, pour assurer l’intégration des expériences et des points de vue des usagers, des praticiens et des élus pour conduire des politiques de santé qui répondent à des besoins et prennent en compte les contraintes de la population.

Plus largement, les déserts médicaux sont le symptôme d’un système de santé à bout de souffle. On l’a vu avec la crise de Covid-19 et la submersion de nos hôpitaux.

Les Français-e-s vieillissent en moins bonne santé que la plupart des Européens, les inégalités d’accès aux soins s’accroissent. Cette dégradation se nourrit des dégâts que nous infligeons à notre environnement et à nos conditions de vie : alimentation industrielle, contaminations chimiques de nos ressources vivrières, pollutions de toutes sortes entraînent l’explosion des pathologies chroniques et de l’obésité et nous fragilisent face aux maladies infectieuses. Nous ferons de la santé un bien commun que nous protégerons dans sa globalité (physique, mentale, sociale, écologique) et son universalité : tout.e.s les Français.es ont droit à la pleine santé.

Nous mettrons en place un Plan d’urgence pour l’hôpital public. Nous sanctuariserons l’hôpital public en le préservant d’une logique marchande et en lui donnant les moyens de ses missions. Nous décrèterons une reprise de la dette des hôpitaux publics. Nous augmenterons le nombre de lits hospitaliers en fonction des besoins réels de la population. Nous embaucherons 100 000 infirmières et infirmiers en 3 ans. L’ensemble des rémunérations des personnels soignants devra être au moins égal à la moyenne de l’OCDE (soit une augmentation d’environ 10% du salaire net des infirmier·ère·s.

Enfin, Face à l’explosion de maladies chroniques liées à la pollution de notre environnement et à une alimentation industrielle, nous renforcerons la santé environnementale par une politique volontariste de prévention et de gestion des risques liés aux expositions environnementales qui favorisent l’apparition des maladies chroniques.

Il n’y a pas de fatalité. Répondre à l’urgence climatique et sociale, c’est possible ; réparer les fractures territoriales et sociales en prenant soin de toutes et tous, c’est possible. Protéger notre environnement, la jeunesse, nos aînés, nos services publics, c’est possible !

Lire le programme Jadot 2022 pour reconstruire un service public de la santé : https://www.jadot2022.fr/reconstruire_un_service_public_de_la_sante